Deux mille dix-sept …

Deux mille dix-sept, c’était un peut tout ça…

R A L E N T I R

2017 avait commencé de la plus belle façon qu’il soit : loin. Loin de tout ça, loin du tumulte parisien, sous le ciel bleu d’un mois de janvier au Portugal.

Un mois à vivre là bas.
Pas tout à fait des vacances.
Pas tout à fait du travail.
Un peu de tout ça à la fois.

Au Portugal, tout était doux, si doux, juste doux. Nos journées étaient rythmées entre travail et grandes balades dans la lumière hivernale. Lisbonne est une ville si solaire. Ses différents monts font de chacune de ses ruelles escarpées un incroyable promontoire avec vue sur le ciel et sur les eaux du Tage. Une ville ouverte, à la fois traditionnelle et moderne, où de merveilleux jardins, véritables oasis, se cachent entre les façades colorées et défraichies de ses immeubles. Dans notre quotidien lisboète, chaque jour apportait son lot de découvertes, aussi simples soient-elles. On en a profité pour :  r a l e n t i r. Prendre le temps de cuisiner de délicieux plats de poisson frais, se poser dans un café en pleine journée, parcourir les étals colorés du marché de Principe Real tous les samedi matins, aller courir le long du Tage régulièrement, méditer tous les matins. J’en suis revenue apaisée et galvanisée, avec l’intime conviction d’avoir touché des doigts un idéal de vie : un juste équilibre entre travail et temps libre, de la découverte à foison et une impressionnante sérénité. Et l’envie de recommencer et de recommencer.

P R E N D R E   S O I N   D E   S O I

Ça semble pourtant être une évidence, mais s’il y a une chose que j’ai apprise ces deux dernières années c’est l’importance de prendre soin de soi. Avec le recul, j’ai l’impression de m’être souvent oubliée dans ma vie de jeune adulte, trop occupée à courir après une certaine idée de la réussite professionnelle. Travailler trop et toujours plus, pour progresser, pour avancer, revoir à la hausse mes objectifs, sans cesse. Il m’aura fallu un bon électrochoc pour me réveiller et me rendre compte que j’étais juste au bout du truc et au bout de moi-même. Alors, j’avais commencé 2017 par tout un tas de bonnes résolutions pour prendre soin de moi, sans doute assez banales, mais dont le véritable challenge réside dans leur application sur le long terme :

  • Manger mieux : plus équilibré et moins sucré. Biologique, local et de saison le plus possible. Une sorte d’évidence pas toujours facile au quotidien.
  • Consommer mieux : privilégier le DIY ( remplacer mes anciennes cosmétiques par des cosmétiques maison, remplacer mes produits de nettoyage par des produits nettoyants maison… ) et les produits de qualité.
  • Gérer mon stress ( problématique n°1 à l’échelle de ma vie ) : méditer tous les jours parce que ça marche et que j’aime vraiment ça ( la découverte du siècle ! ).
  • Me recentrer sur l’essentiel : privilégier les projets de qualité et qui me plaisent vraiment. Apprendre à dire non.
  • Me dégager du temps pour une production personnelle : parce que c’est vraiment nécessaire à mon bien-être.
  • Me déconnecter : cesser d’être esclave du scroll, parce que non je n’ai pas besoin de montrer le moindre des faits et gestes de ma vie et encore moins de scruter ceux des autres.

T R A V A I L L E R

Début 2017 je me questionnais sur mon travail : qu’est ce que j’ai vraiment envie de faire? Qu’est ce qui me plait vraiment? Dans quelles directions orienter ma pratique? Cette année aura était riche en enseignements et en expériences à ce niveau là, tant positives que négatives ( mais j’essaie de me dire qu’il y a toujours du positif à tirer des expériences négatives… ).

Pour commencer par le positif : En 2017 j’ai vraiment réussi pendant quelques mois à me dégager du temps pour une production personnelle qui me ressemble et qui m’épanoui vraiment.

J’ai réalisé cette série d’illustrations autour de paysages fantasmés inspirés par certaines de mes obsessions : les architectures de Ricardo Bofill, le désert des Bardenas, les jardins tropicaux…

J’ai aussi rencontré Charlotte, une belle personne pleine d’énergie, qui gère d’une main habile Samo Galerie chez qui j’édite des affiches et des bougies désormais en vente chez Fleux ( Ouiiiii, je suis vendue chez Fleux ! <3 )

Et j’ai réalisé ces deux peintures grand format pour l’exposition collective Jungle au 6b cet été !

En 2017 j’ai aussi entamé de jolies collaborations avec des clients précieux.

J’ai travaillé sur l’identité visuelle et les packaging de la marque de thé Instants Botaniques.

Et j’ai entrepris le plus gros, ambitieux et chronophage chantier à l’échelle de ma petite carrière de freelance : la refonte de la signalétique d’un tout nouveau genre de magasin Truffaut en collaboration avec l’homme et les architectes d’intérieur de Label Expérience. Un projet hors proportion terriblement stimulant.

Et parce qu’on ne vit pas au pays des bisounours, en 2017, j’ai aussi compris que certaines choses ne seraient plus possibles à l’avenir, que certaines choses ne devraient tout simplement plus être possibles.

En 2017 on m’a demandé de recopier ouvertement le travail d’un autre illustrateur ( connu, très connu… ). En 2017 on m’a demandé d’utiliser des images sans en détenir les droits. En 2017 on aura fait modifier significativement mes fichiers par un imprimeur sans trouver nécessaire de me le dire. En 2017 on m’aura dit « oh, on a oublié de te dire, la deadline est avancée d’une semaine ». En 2017 on m’aura appelé soirs et week-ends pour me parler de travail. En 2017 on aura refusé de me payer certaines de mes factures ( et je n’ai même pas eu la force de me battre mon récupérer ce qui m’est du ).

En 2017, on aura un piétiné mon travail et le métier de graphiste dans sa globalité, sans voir le mal à tout cela, sans réaliser pourquoi on ne peut pas faire n’importe quoi avec les images de n’importe qui, en estimant savoir à ma place, à notre place, comment notre métier fonctionne, combien de temps prend telle ou telle tâche, et en pensant sincèrement que nous sommes disponibles H24 derrière notre écran… En 2017 on s’est un peu foutu du respect d’autrui.

Alors, je te promets, 2018, que je ne laisserais plus passer tout cela. Et comme il y a toujours un dénouement positif à tout cela. J’ai décidé que désormais, je serais représentée par un agent ( <3 ), et que le mot clé sera décidément : sérénité.

V O Y A G E R

Voyager, comme une parenthèse rêvée.

En 2017, j’aurais : écouté des musiciens jouer au bord du Tage à Lisbonne, mangé du bar grillé devant mes yeux au bord du Douro à Porto, marché dans les pas des empereurs romains dans les ruines du Mont Palatin à Rome, longé la côte volcanique de Milos en voilier dans les Cyclades, mangé un vrai kebab à Athènes, fait du vélo hollandais dans les quartiers secrets d’Amsterdam, et me dire que plus que jamais c’est ça la vie : la découverte.

S ‘ É M O U V O I R

Et au théâtre de l’Odéon, quand la foule applaudi pendant des minutes, des minutes, des minutes, les incroyables acteurs de l’incroyable pièce les 3 soeurs de Tchekov revisitée à la sauce deux-mille dix-sept tu pleures. Porté par la foule, sublimé par l’espace. C’est l’expression en cet instant précis de la beauté dans sa plus profonde globalité qui te fait pleurer.

En 2017, j’ai compris un truc : je suis très – trop – hyper – sensible.

On a mis un bouquin entre mes mains, et j’ai compris. J’ai compris. Tout compris. Les frissons, la lumière qui émerveille, les larmes, les angoisses qui terrassent, la timidité, le mal au coeur, l’incapacité à voir ce type d’images, l’appréhension, le stress, les blessures, la soif de justice, les nuits d’insomnies, les trois fois rien qui te dévastent, l’importance de l’air sur la peau, le réconfort de la solitude, l’idéalisme profond, la musique jusqu’à l’ivresse, les montagnes russes, l’émotion, l’indépendance, la joie incommensurable, les petits plaisirs, les larmes encore, l’importance de la peau sur la peau, l’incompréhension, l’écriture comme mode d’expression, le trop de gentillesse, la beauté qui te dévaste, l’incapacité à se livrer, le nécessité de solitude, l’intuition, les mots qui brisent, la soif de sublime. Tout.

Et, à la gare de l’est, quand cet homme joue au piano, cet air si doux, si beau, au milieu d’une foule admirative…

A L O R S …

Alors voilà, on prend les même et on recommence. Bienvenue 2018, j’espère que tu seras joli.

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