Il n’y a plus de poignée sur la porte intérieure du hall de l’entrée. Pendant mon absence, un interrupteur a été installé sur le mur de droite en dessous de la plaque commémorative du soldat Jacques Henseval qui vécut ici. A chaque fois que je sors de l’immeuble c’est un nouveau geste à effectuer avec lequel il faut désormais que je me familiarise. Un pas à droite, on lève le bras, un pas à gauche. Déclic. Dans quelques jours ce ballet sera sans nul doute acquis.
C’est étrange comme nous retombons finalement toujours sur nos pieds, comme notre corps s’adapte aux changements, comme le soleil froid d’une matinée de fin de décembre fini par éclipser les angoisses nocturnes, comme les longues conversations apaisent et comme le temps qui soudain semble couler si lentement est doux.
La vie est mouvante.
Toute une année résumée en une poignée de porte.
La vie émouvante.
Pour deux mille quinze, je souhaite les mots et la liberté. La liberté des mots et les beauté des maux, un peu, car la beauté n’est que convulsion, rappelez-vous.
Pour deux mille quinze je souhaite des soleils froids, des émotions au cinéma, des balades dans l’air doux de Paris Paris, des chocolats chauds dans les cafés, des nuits alcoolisées, de la musique très forte dans mon casque, des visites nocturnes dans les musées, des visites nocturnes tout court, des voyages en train, d’autres en avions, de nouveaux paysages à apprivoiser, de nouvelles géographies à apprivoiser, des repas entre amis, des soirées sur les quais, des mains pleines de peinture, des yeux éblouis par le soleil, des lectures allongée sur le balcon, du piano qui vous crève le coeur, des yeux qui vous crèvent le coeur, des derniers métros attrapés à la volée, des voix cassées après les concerts, des nuits entières à danser, des errances et des surprises, du sucre, de la lumière, de l’orage, du vent, des orangina, des séries, des vernissages, des rencontres, des hasards de la vie, du vin rouge, des photos, des rires, des larmes, des dessins, de la sérigraphie, des ciels roses, des piles de livres, des crêpes à la confiture, des nez froids, des pieds dans le sable, des plantes dans l’appartement, des idées et des révolutions, des virées et des évolutions, apprendre et ré-apprendre, apprivoiser et ré-apprivoiser, oser.
Une bonne année.