Je ne sais pourquoi mais c’est souvent avec Justine que je me retrouve à explorer les couloirs sombres et les escaliers à la peinture écaillée du Bastion. Bastion, paquebot insubmersible niché au coeur de la terre, un dédale de recoins qui n’est pas sans rappeler cette notion de labyrinthique qui dirige ma vie de toute part. Se perdre, encore, partout, quelque part. Explorer l’obscurité. J’ai toujours eu une certaine fascination pour ces architectures délabrées que je compare à d’énormes monstres faits de béton, de métal et de bois qui vous avalent dans leurs entrailles, de vieux monstres dont on aurait laissé visible les cicatrices du vécu, machine ronronnante quelque part dépositaire d’un passé dont nous ignorons tout. Il y a quelque chose de Miyazak’esque dans cette vision, le fait que tous ces éléments qui me dominent et que créent en moi un sentiment de surnaturel, tels que la nature ou les bâtiments, se retrouvent à avoir une âme. La base de la pensée magique. Les croyances. Le Château Bastion dans le ciel. Et puis tout ça.
Et dans le ventre de la bête, au bout d’un couloir, ces sentiments dégoulinants sur les murs, t’oublier, mon amour, pour une vie sans raison. Nos 8 vies à 7 âmes. Oublier. Oublier. Oublier l’inoubliable.